Les concepts fondamentaux de la théorie et de la psychanalyse freudienne, par Sylvestre Clancier

Sigmund Freud, né en Moravie en 1856, a reçu son instruction à Vienne. Ses études de médecine et son intérêt pour tout ce qui touche à l’humain l’ont amené à travailler dans le laboratoire d’Ernst Brücke, scientifique allemand, où il a étudié l’histologie du système nerveux. Promu docteur en 1881, Freud a poursuivi son instruction auprès du Dr Charcot, à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière, à Paris. Il y a étudié l’hystérie et l’hypnose, qui était le traitement préconisé par Charcot. En 1886, il s’installe à Vienne en tant que médecin des maladies nerveuses. En 1889, il séjourne à Nancy, dans le service du docteur Bernheim, qui pratique la suggestion hypnotique. C’est alors que Freud commence à déceler l’existence de processus psychique cachés à la conscience de l’individu. Il va ensuite collaborer avec le Dr Breuer dans le traitement de l’hystérie et ils publient ensemble « Etudes sur l’hystérie » en 1895, un ouvrage dans lequel ils soulignent l’importance de la vie affective et distinguent actes psychiques conscients et inconscients. La méthode dite cathartique de Breuer consistait à ramener dans les « chemins normaux » la charge affective qui s’était engagée dans des voies inappropriées. Il a donc cherché une méthode pouvant s’appliquer à des pathologies autres que l’hystérie et cela l’a conduit à la psychanalyse, qui consiste, par des sollicitations et affirmations du médecin, à inciter le patient à se remémorer des faits qu’il a oubliés, en l’amenant au-delà de la conscience. Sa technique psychanalytique s’appuie sur trois groupes de phénomènes psychiques qui sont : les symptômes, les rêves, les actes manqués (lapsus, oublis inexplicables, pertes d’objets…).

Freud se rend compte que la difficulté réside dans la résistance manifestée par le patient, qui lutte pour que ses souvenirs enfouis ne remontent pas jusqu’à la conscience. Il reconnaît le processus de refoulement, par lequel les événements dérangeants de l’histoire personnelle du patient sont relégués dans l’inconscient et il se fixe pour tâche de les découvrir. Dans les années 1896-1898, il utilise le terme de « métapsychologie » et élabore le schème d’un appareil psychique divisé en différents « lieux » ; il dresse en quelque sorte une carte imaginaire du système psychique. Dans sa première topique, il distingue l’inconscient, le préconscient (qui se trouve entre l’inconscient et le conscient et qui agit comme une censure empêchant l’acte psychique d’accéder au conscient) et le conscient.  Sa deuxième topique est divisée en instances : le ça (le réservoir des pulsions, soumis au principe de plaisir), le moi (qui défend nos intérêts, il représente la raison et la prudence et se doit d’harmoniser les exigences du surmoi et du ça), le surmoi (qui correspond à l’intégration de l’autorité parentale, le censeur, celui qui interdit) ; Il fait la distinction entre les névroses et les psychoses, les secondes nécessitant, selon Freud, un internement. Ce sont deux types de défenses utilisées par l’individu, la psychose correspondant au fait de nier le monde extérieur (le moi se détache partiellement ou totalement de la réalité) et la névrose au fait de nier l’exigence pulsionnelle du monde intérieur (le moi n’est pas détaché de la réalité dans ce cas).

Le concept de pulsion revêt une importance capitale dans les théories freudiennes ; elle se caractérise par différents éléments : la poussée, la source, l’objet, le but et elle représente une exigence de travail imposée au psychisme. Le but de la pulsion est atteint par la décharge d’une quantité d’énergie. Il distingue le concept de pulsion (d’origine interne), provenant de l’organisme, par exemple, la faim, de celui d’excitation (d’origine externe), par exemple, lorsque le soleil nous éblouit et nous fait mal aux yeux, c’est une excitation physique. Dans sa première théorie des pulsions, il oppose la pulsion du moi ou d’autoconservation (qui correspond au principe de réalité) à la pulsion sexuelle (correspondant au principe de plaisir). Dans sa deuxième théorie des pulsions il oppose la pulsion de vie (Éros), à la pulsion de mort (Thanatos), que Freud nomme également le principe de Nirvâna. Le concept d’énergie psychique est primordial chez Freud ; il différencie l’énergie libre, qui serait liée au principe de plaisir et l’énergie liée, correspondant au principe de réalité. De nombreux troubles et affections d’un individu résulteraient de l’intrication en quantités plus ou moins importantes de ces deux énergies et comment et ce sur quoi la personne investit cette énergie psychique, et en quelle quantité.

Freud a également décrit les différentes étapes du développement psychosexuel de l’individu, qui commence en fait dès sa naissance et dépend en grande partie des soins reçus dans la petite enfance et des relations à la mère. L’enfant, jusqu’à la puberté, traverse différentes étapes ; ces étapes se nomment des stades, qui répondent à un ordre chronologique : stade oral (appelé aussi stade cannibal) ; sadique-anal ; phallique ; la période de latence ; génital. L’auteur évoque le Complexe d’Œdipe, concept psychanalytique freudien certainement le plus connu ; il débute à l’âge de 3 ou 4 ans pour se terminer vers 6 ans. Il correspond à l’ensemble des désirs amoureux et hostiles éprouvés inconsciemment par l’enfant à l’égard de ses parents. D’après Freud, le surmoi est l’héritier de la façon dont aura été résolu l’Œdipe.

Freud a donc établi l’existence d’un psychique conscient et un autre qui est inconscient ; il affirme qu’il y a chez l’être humain prédominance des idées inconscientes et que de nombreuses représentations (parfois très fortes) contenues dans l’inconscient peuvent agir sur notre esprit et régir nos actes, à l’insu de notre conscience ; ceci jusqu’à ce que ces représentations soient ramenées à la conscience, ce que la cure psychanalytique se propose de faire.

À propos de l’auteur :

Sylvestre Clancier est le fils d’une psychanalyste et d’un écrivain. De formation philosophique. Il est essayiste, poète et critique littéraire. Il a enseigné la philosophie, la littérature et la civilisation dans des universités parisiennes. Il a mené parallèlement une activité d’éditeur.