Les cinq blessures qui empêchent d’être soi-même, par Lise Bourbeau

Lise Bourbeau, au début de son ouvrage, cite le psychiatre et psychanalyste Sigmund Feud, qui a découvert l’inconscient et qui a été le premier à établir des liens entre les dimensions mentale, émotionnelle et physique de l’être humain. Wilhem Reich, psychiatre et psychanalyste, dissident de Freud, avait défini les cinq blessures de l’âme, fondatrice de nos premières expériences de vie. Alexander Lowen, psychothérapeute américain et disciple de Reich, a élaboré une théorie basée sur l’analyse bioénergétique. Les psychiatres Eva Brooks et John C. Pierrakos ont découvert qu’il existait un lien entre l’apparence de notre corps et nos blessures.

Lise Bourbeau nous propose une description des cinq blessures qui peuvent affecter l’être humain, ainsi que les masques qui leur sont associés. Elle affirme que nous venons sur terre pour vivre des expériences et que si elles sont vécues dans la non-acceptation (regret, colère, jugement, peur…), la personne fera en sorte de s’attirer (inconsciemment) des situations similaires, à des fins d’apprentissage. Elle ajoute que tous nos actes, nos paroles et pensées ont des conséquences, qui peuvent être nuisibles, mais qui peuvent également donner lieu à des transformations bénéfiques. Une prise de conscience s’effectue et nous comprenons progressivement notre plan de vie.

Notre ego joue un grand rôle dans l’entretien de certaines de nos croyances négatives qui nous empêchent de nous affirmer pleinement et d’être qui nous sommes. L’auteur pense que notre plan de vie est choisi avant la naissance et que nous rencontrons les situations et évènements destinés à nous faire évoluer selon ce plan de vie. La notion de Dieu intérieur est essentielle chez Lise Bourbeau ; pour elle, nous sommes Dieu et il est omniscient, omniprésent, omnipotent.

Selon l’auteure, de nombreux enfants ont été coupés très tôt de leur véritable nature, car elle dérangeait les adultes, pour qui le fait d’être naturel n’est pas correct ; ils n’étaient donc pas autorisés à être eux-mêmes ; après une période de crises et de révolte, ils ont fini par se résigner, se créant une nouvelle personnalité considérée comme plus acceptable par leur entourage. L’auteur distingue cinq masques utilisés pour se protéger, qui correspondent à cinq blessures de base vécues par un être humain. Ces blessures apparaissent généralement dans l’ordre chronologique suivant. Parfois, elles ne sont pas liées à des faits mais à des ressentis :

-Rejet

-Abandon

-Humiliation

-Trahison

-Injustice

Ces blessures, quand elles sont placées dans un ordre différent, forme avec leurs première lettres l’acrostiche : T R A H I

Chaque masque va correspondre à un caractère qui lui est propre. L’importance et la fréquence du masque sera fonction de l’intensité de la blessure. L’auteure affirme être capable de détecter les masques portés d’après la morphologie de la personne ; elle ajoute que, bien qu’une personne puisse dissimuler ou changer certaines choses avec son mental, le corps ne ment pas et il reflète ce qui se passe à l’intérieur d’un individu.

Elle cite Gérard Heymans, philosophe et psychologue, qui a élaboré une typologie des caractères permettant de distinguer huit types caractérologiques :

passionné, colérique, nerveux, sentimental, sanguin, flegmatique, apathique, amorphe.

Même si on ne peut réduire une personne à un seul de ces caractères, il y en a généralement un qui prédomine.

« Le parent avec qui on avait l’impression de mieux s’entendre étant adolescent, est celui avec qui on a le plus de choses à régler », affirme Lise Bourbeau.

    C’est la première blessure à se manifester chez le petit enfant, elle est vécue avec le parent de même sexe. Il ne s’est pas senti accueilli ou accepté par ce parent, même si le parent ne l’a pas nécessairement rejetée. La personne va adopter le masque de fuyant. Elle a envie de disparaître ou d’être peu visible, effacée ; elle ne prend pas trop d’espace, comme si elle n’avait pas le droit d’exister, a du mal à s’affirmer. Il y a parfois une dissymétrie entre ses deux côtés, droit et gauche (corps ou visage). Elle peut avoir des problèmes de peau, la peau étant liée d’un point de vue psycho-émotionnel au contact, qu’elle refuse. Elle préfère les choses intellectuelles et spirituelles aux choses matérielles. Elle recherche la solitude et a peu d’amis, elle se sent « coupée » des autres. Le « fuyant » peut être enclin aux sentiments de haine et de rancune ; sa grande souffrance intérieure fait qu’il peut passer d’une phase de grand amour à une phase de grande haine. Il a tendance à se dévaloriser et à se comparer à mieux que lui. Il recherche la perfection de façon obsessionnelle, redoutant l’erreur et le fait d’être mal jugé. Sa plus grande peur est la panique et il a tendance à attirer dans sa vie les situations et personnes provoquant chez lui de la panique ; cette panique lui fait perdre la mémoire. En ce qui concerne la nourriture, il opte pour de petites portions, a souvent des pertes d’appétit, peut souffrir d’anorexie ; peut se réfugier dans la drogue, l’alcool, les aliments sucrés. Il souffre souvent des maux suivants : diarrhées, arythmies cardiaques, évanouissements, dépression, troubles maniaco-dépressifs, agoraphobie ; il peut aussi développer un cancer, s’il ne se donne pas le droit à son enfant intérieur d’avoir souffert et d’en vouloir au parent de même sexe.

    Alors que le rejet se rapporte à la notion de repousser, ne pas vouloir, l’abandon, c’est le fait de quitter, ne pas pouvoir. Cette blessure, comme la première, touche l’être directement, alors que les trois suivantes concernent le domaine du ‘faire » ou de « l’avoir ». L’abandon peut être ressenti si la mère est occupée par la naissance d’un autre enfant, si les parents sont peu présents pour l’enfant, si l’enfant doit faire un séjour à l’hôpital, s’il est confié à une nourrice, si la mère est souvent malade.  Cette blessure est souvent vécue avec le parent de sexe opposé. L’enfant va adopter le masque du dépendant. Plus tard, il pensera qu’il n’est pas capable de se débrouiller seul et aura besoin d’un autre pour le soutenir, comme pour un petit enfant ; il peut avoir tendance à abandonner les projets qu’il entreprend et à faire peur aux autres en s’accrochant à eux. L’auteur a souvent remarqué chez les dépendants un corps long, manquant de tonus et qui s’affaissent. Il cherche à attirer l’attention de l’autre, dramatise les événements. Il va parfois jouer le rôle du sauveur, ce qui lui permet de recevoir de l’attention, des compliments, de se sentir aimé. Il recherche l’approbation des autres avant de prendre des décisions et il accepte mal les refus. Il est parfois vu comme un paresseux car il n’aime pas entreprendre des activités ou du travail physique seul. Il redoute la solitude, n’aime pas l’autorité froide et l’émotion la plus intense qu’il ressent est la tristesse. Il a tendance à saboter son propre bonheur, à laisser passer les autres devant lui et il est capable d’endurer des situations difficiles pour ne pas être abandonné. Il a tendance à être boulimique ; n’ayant pas reçu de nourritures affectives adéquates, il fait un transfert sur les aliments. Il préfère les aliments mous aux aliments durs, aime beaucoup le pain (symbole de la terre nourricière). L’enfant qui porte le masque du dépendant est souvent malade, chétif ou faible. Les principaux troubles développés sont les suivants : asthme, problèmes au niveau des bronches, système digestif, pancréas, glandes surrénales, myopie (par peur de l’avenir), dépression, migraines, maladies rares dites incurables.

    Sa blessure est réactivée par les personnes de sexe opposée ; souvent son parent (de sexe opposé) a vécu lui-même la même blessure avec son parent de sexe opposé et ces blessures et comportements se perpétuent de génération en génération.

    Les synonymes d’humiliation sont la vexation, la honte, la mortification. Cette blessure est ressentie entre 1 et 3 ans, au moment du développement du corps physique, quand l’enfant apprend l’autonomie (alimentation, propreté). L’enfant peut se sentir abaissé, sentir qu’un de ses parents a honte de lui, il se sent contrôlé par l’un des parents, souvent la mère, pour l’habillement, la propreté, l’apprentissage. La mère a beaucoup d’emprise sur les personnes atteintes de cette blessure. Il va adopter le masque du masochiste. Il va se blâmer, se sentir coupable ; l’une de ses plus grandes peurs est la liberté et il va s’arranger pour ne pas en avoir, en voulant tout gérer pour son entourage ; Il a un sens du devoir très développé et a tendance à se créer des contraintes et obligations ; il aime faire l’intermédiaire, le médiateur, dans une volonté de satisfaire tout le monde, de se rendre utile, mais il néglige ses propres besoins. Il se prive de liberté mais lorsqu’il en a, il peut tomber dans l’excès et se mettre à trop manger, trop acheter, trop parler. Le masochiste développe souvent un gros corps, a une taille courte et un cou gras, il n’aime pas se presser et veut apparaître comme solide et performant. Ce sont souvent des personnes sensuelles et sexuelles mais leur sentiment de dégoût peut les amener inconsciemment à grossir au moment où les désirs sexuels se manifestent, ce qui est un moyen de se priver de plaisir ou de ne pas être désirable. Les personnes ayant le masque du masochiste peuvent développer les maux suivants : lourdeurs aux épaules, problèmes respiratoires, cardiaques, aux jambes et aux pieds (varices), gorge, thyroïde, pancréas. Ils peuvent être extrémistes avec la nourriture et ont une préférence pour les aliments gras.

    La trahison signifie cesser d’être fidèle à quelqu’un ou à une cause, livrer quelqu’un, ce qui s’oppose à la loyauté et à la fidélité. Cette blessure est éveillée entre 2 et 4 ans, au moment du complexe d’Œdipe, à l’âge où l’énergie sexuelle se développe ; l’étape précédente est caractérisée par la fusion avec la mère. Lorsque le Complexe d’Œdipe est mal résolu, il en résulte un attachement trop important au parent de sexe opposé, ce qui pourra affecter plus tard les relations avec le sexe opposé. Les enfants portant la blessure de trahison ont pu avoir des parents séducteurs et narcissiques, centrés sur eux-mêmes. Le masque correspondant à cette blessure est celui du contrôlant. La force émane du corps de l’individu, notamment dans le haut du corps. Chez la femme contrôlante, ce seront les hanches, les fesses, le ventre, les cuisses qui seront les plus développés. Contrairement aux fuyants et aux dépendants, ces personnes savent prendre leur place et occuper l’espace, comme pour dire « Regardez-moi ». Ils ont un regard intense et séducteur, utilisent beaucoup leurs yeux. Ils exhibent force et courage et sont exigeants avec eux-mêmes et avec les autres ; tout acte de lâcheté est vécu de leur part comme un acte de trahison ; ces personnes veulent être responsables et fortes et se sentir importantes, ce qui satisfait leur ego. Elles aiment prévoir et anticiper les choses. Elles affichent une forte personnalité et ont une voix forte qui porte loin. Elles aiment que les autres adhèrent à leurs croyances et  s’arrangent pour se trouver dans des situations où elles ont le contrôle ; elles aiment planifier, « futuriser », vérifier, ont du mal à déléguer les tâches et à lâcher prise. Rapides dans leurs actions, ces individus sont peu patients, ont l’esprit de compétition, aiment être les premiers, sont très attachés à leur réputation. Ils peuvent devenir agressifs et avoir des sautes d’humeur. Ils peuvent avoir une tendance à la manipulation et au mensonge, mais ne tolèrent pas les tricheurs. Si deux contrôlants s’allient, cela donnera une relation de pouvoir. La plus grande peur du contrôlant est la dissociation ; ce type de personne supporte difficilement les séparations, qu’elle vit comme une défaite. Leur autre peur est le reniement, alors qu’eux-mêmes renient souvent les autres et refusent de leur donner une seconde chance. Ils peuvent avoir des troubles liés à la perte de contrôle : hémorragies, impuissance sexuelle, diarrhée, voire paralysie., des problèmes de foie et d’estomac, des maladies en « ite », caractérisant des inflammations (souvent liées à de la colère rentrée). Le masque du contrôlant sert souvent à dissimuler aussi la blessure d’abandon.

    La justice est synonyme de droiture, d’équité, d’impartialité. La personne qui souffre de cette blessure ne se sent pas appréciée à sa juste valeur. Cette blessure s’éveille au moment du développement de l’individualité de l’enfant (entre 4 et 6 ans), quand il prend conscience qu’il est un humain avec ses différences. Le parent de même sexe a souvent été perçu par l’enfant comme froid ou autoritaire, et il souffre d’ailleurs souvent de la même blessure. L’enfant portant cette blessure va porter le masque de la rigidité et devenir perfectionniste. Il ressent souvent de l’envie vis-à-vis de ceux qui ont plus ; il a des mouvements dynamiques mais rigides, le regard brillant, la mâchoire serrée, le cou raide ; son corps est tendu même au repos. Il est souvent très performant et n’aime pas demander de l’aide ; il redoute l’autorité car il en a trop eu. Il attache une grande importance au mérite, au bien et au mal, à ce qui est correct ou incorrect. Il apprécie les explications claires et précises, a peur de se tromper, a des difficultés à pardonner, se trouve souvent dans des situations où il doit faire des choix et doute souvent de ses décisions après-coup, se demandant si c’était la meilleure. Très exigeant avec lui-même, il a une grande capacité à se contrôler et à l’autodiscipline. Il éprouve des difficultés à reconnaître ses limites et à les respecter, il sera enclin à souffrir de burn-out et d’épuisement professionnel. Lise Bourbeau fait une distinction entre la volonté et le contrôle. Faire preuve de volonté, c’est savoir ce que l’on veut et faire en sorte de l’obtenir par ses comportements et actions, ce qui n’empêche par d’être flexible et de modifier ses plans si nécessaire, alors que le rigide a tendance à oublier son point de départ et reste focalisé sur le moyen plutôt que sur la fin, sans vérifier si ce qu’il désire correspond vraiment à ses besoins. Les personnes rigides sont dures avec elles-mêmes et avec leur corps et tombent rarement malades. L’émotions la plus courante ressentie par la personne rigide est la colère. Sa plus grande peur est la froideur et elle évite de se montrer sensible afin de ne pas apparaître vulnérable. Le rigide apprécie le respect et les honneurs et il aura tendance à être attiré par les personnes possédant des titres. Ces personnes ont peur de perdre le contrôle, ce qui peut leur arriver, à l’occasion, avec le sucre et l’alcool ; ils ont une préférence pour le sucré et les aliments croustillants. Ils sont sujets aux maladies en «ite » (de type inflammatoire), aux problèmes de circulation du sang, de peau sèche, d’insomnies, de crampes, constipation, torticolis, hémorroïdes. Il est fréquent que le masque du rigide serve également à dissimuler la blessure de rejet.

    L’auteur décrit les 4 étapes par lesquelles nous passons lors d’une blessure :

    1. Nous sommes nous-mêmes
    2. Nous ressentons de la douleur en découvrant que nous ne pouvons pas être nous-mêmes.
    3. Les adultes qui nous entourent nous disent comme nous devons être et ne nous acceptent pas tels que nous sommes.
    4. Nous nous résignons et adoptons un masque pour éviter de décevoir les autres et camoufler ce qui nous fait souffrir.

    Chacune des cinq blessures est décrite dans un chapitre qui lui est consacré et chaque chapitre se termine par une fiche mentionnant les principales caractéristiques de la blessure traitée, ainsi que par un croquis illustrant le type de morphologie des personnes portant cette blessure. 

    Lise Bourbeau affirme que le système de croyances d’une personne va déterminer son type de métabolisme. Elle précise qu’il est rare qu’une personne porte une seule blessure ; par exemple, la conjugaison de la blessure de rejet et de celle de l’abandon se traduira par les masques du fuyant et du dépendant. Différentes combinaisons sont donc possibles et plusieurs masques peuvent être portés par une même personne, qui peut même avoir 3, 4, voire les 5 blessures. L’auteur nous exhorte à avoir de la compassion pour nos blessures. Elle affirme qu’il faut s’autoriser d’avoir souffert et d’en avoir voulu à ses parents. S’aimer, c’est se donner le droit d’être tel que l’on est, ce qui n’a rien à voir avec ce que l’on fait ou possède. Il faut prendre conscience que l’on ne peut pas plaire à tout le monde et se donner le droit d’avoir des réactions qui peuvent déplaire. Affronter et guérir ses blessures permet de libérer de l’énergie utilisée pour les réprimer et les camoufler, à des fins plus productives.

    À propos de l’auteur :

    Né en 1941, au Québec, Lise Bourbeau a commencé une carrière professionnelle dans la vente, domaine dans lequel elle a rapidement excellé ; elle a eu l’occasion de former, motiver, et aider plus de 40000 personnes à devenir conscientes de leur potentiel.  En 1982, elle a créé son premier atelier, en adoptant une approche centrée sur le corps, qu’elle considère comme un outil privilégié pour apprendre à se connaître sur les plans émotionnel, mental et spirituel. Elle a fondé l’école de développement personnel « Ecoute ton corps » en 1984, où sont dispensés des enseignements pratiques et philosophiques, à l’intention des personnes désireuses d’entamer une démarche intérieure. Elle a vendu plus de huit millions de livres, qui ont été traduits dans de nombreux pays. Formatrice, écrivaine, conférencière, elle est l’auteure, notamment, de « Écoute ton corps, ton plus grand ami sur la terre », « La guérison des cinq blessures », « les clés de la vitalité » et « La puissance de l’acceptation ». D’autres informations sont disponibles sur son site internet https://www.lisebourbeau.com/fr/