Liens entre le vécu personnel pendant l’enfance et la vie professionnelle future
Isabelle Méténier, à travers cet ouvrage, établit des liens entre l’histoire personnelle d’un individu et son vécu professionnel. L’auteur part du principe que les relations entretenues avec les parents, la famille en général ainsi qu’avec les professeurs, pendant l’enfance et l’adolescence, vont créer des liens souvent invisibles et avoir un impact sur le vécu professionnel ultérieur. L’auteur reçoit en consultation des personnes pour lesquelles elle établit des bilans de compétence, en tenant compte de leur histoire de vie, de leur histoire scolaire et de leur génogramme, ces éléments contribuant à comprendre ce qu’ils vivent au travail.
Les motivations inconscientes qui font choisir un métier plutôt qu’un autre
Elle a pour mission de les faire « accoucher d’eux-mêmes » et de les reconnecter à leurs talents et à leur savoir-faire, de sorte qu’ils soient en phase avec leurs valeurs et ce qu’ils souhaitent réellement faire sur terre. L’influence du milieu familial est souvent très forte et des choix professionnels sont parfois faits pour maintenir le lien avec un parent et ne pas remettre en cause le système de valeurs familial. Parmi ces motivations (parfois inconscientes), il peut y avoir une volonté de réparation, une identification à un parent, de la culpabilité ; le métier représentera alors symboliquement ces motivations. Des choix professionnels de dépendance familiale peuvent être effectués, par envie réelle ou par simple mimétisme, ou des choix de contre-dépendance, lorsque la personne veut se distancier de sa famille et ne surtout pas reproduire le même schéma.
Retrouver l’arbre généalogique de la famille, l’héritage reçu et et le projet parental
Isabelle Méténier utilise des outils comme le dessin, l’analyse transactionnelle, la psychogénéalogie et la démarche rogérienne (du psychologue Carl Rogers), lors de ses consultations. Il est important de connaître le projet parental, c’est-à-dire ce qu’avait rêvé le père ou la mère pour l’enfant ; l’arbre généalogique professionnelle de la famille est également important : quel est l’héritage reçu ? Quels sont les métiers familiaux, les réussites et échecs professionnels dans la famille ? Les parents avaient-ils des attentes à l’égard de l’enfant, en termes de réussite scolaire et professionnelle ? Est-ce que la personne reproduit le schéma parental en matière de scolarité et de parcours professionnel ? L’auteure insiste sur l’importance de la construction du moi de l’enfant, qu’elle définit comme l’intégration entre sa structure corporelle (héritée génétiquement du père et de la mère) et ses expériences relationnelles, à son environnement et aux autres.
Notre identité résulte de différents facteurs lés à l’histoire familiale et à nos expériences personnelles
Elle cite Eric Berne, un psychologue américain, qui affirme que nous naissons tous princes et princesses, mais que l’éducation et les soins que nous avons reçus peuvent nous transformer en crapauds ou grenouilles. Certaines personnes ont nié leurs besoins fondamentaux, en fonction des injonctions parentales reçues et se sont construites avec un « faux-self ». Cette personnalité a pour fonction de répondre à ce que l’on attend d’elle, c’est l’enfant « adapté soumis », dont parle Eric Berne, dont les réactions et émotions doivent être conformes à celles de ses parents. Chez ce type de personnalité, il peut y avoir plus tard suradaptation, avec des comportements de passivité. Contrairement à ce que nous pouvons penser, notre identité se définit à partir de données diverses : nom, histoire familiale, place occupée dans la fratrie, les expériences de vie, le compagnon/la compagne de vie, les amis, les enfants, le foyer, les amis, les dépenses sur la carte de crédit.
L’opposition entre désir et devoir lors du choix d’un métier peuvent entraîner des conflits internes
L’auteure cite des psychologues et sociologues, ainsi que des titres d’ouvrages, pour illustrer ses propos. Elle fait référence, entre autres, à la théorie de la perception de soi (de Daryl Bem, psychologue social américain) et à la théorie de la dissonance cognitive (de Leon Festinger, psychosociologue américain) ; cette dernière permet de repérer, lors d’un entretien d’embauche, une contradiction entre le discours et les attitudes, mimiques et intonations, ce qui aboutit souvent à des échecs. En ce qui concerne la recherche d’emploi, elle nous incite à « inscrire le désir dans la réalisation du devoir », précisant que les désirs d’un individu sont parfois refoulés au nom de la raison. Pourtant, selon Isabelle Méténier, il n’est rien de plus raisonnable que d’écouter ses désirs, afin de pouvoir les faire devenir réalité.
Ci-après quelques exemples de messages contraignants qu’a pu recevoir l’enfant, qui renforcent la soumission ainsi que leurs messages correspondants favorisant la liberté créatrice et la permission :
Sois fort—————————————————————Sois ouvert et exprime tes besoins
Fais plaisir ———————————————————–Fais-toi plaisir
Sois parfait———————————————————–Sois tel que tu es
Dépêche-toi———————————————————Prends ton temps
Fais plus d’efforts—————————————————Fais-le facilement
Ne fais pas————————————————————Agis !
L’importance de la prise de conscience des émotions bloquantes pour aller de l’avant
L’auteure a remarqué que certaines personnes ont tendance a à reporter leurs carences affectives et leurs espoirs sur l’organisation (l’entreprise) à laquelle ils appartiennent, qui a une fonction psychique, en leur servant de « corps » et d’«enveloppe ». Elle met l’accent sur les émotions, qui doivent être reconnues pour s’en faire des alliées, afin d’utiliser à la fois l’intelligence cognitive et l’intelligence émotionnelle dans un environnement professionnel devenu de plus en plus relationnel. Isabelle Méténier nous met en garde contre la culpabilité, qui nous maintient dans le passé et nous empêche d’avancer. Elle fait référence au processus de deuil énoncé par Elizabeth Kübler Ross, dont les cinq phases sont le déni, la colère, le marchandage, la tristesse et l’acceptation.
L’identification des schémas transgénérationnels et des répétitions de scénarios de vie familiaux
Le poids des secrets de famille joue également un rôle important dans le devenir professionnel d’une personne, selon l’auteure. Le rôle de la parole est crucial au sein de la famille ; les récits, photos, légendes familiales ainsi que la capacité à dire sans tabou et à symboliser et à représenter, sont propices au bon développement émotionnel de l’enfant. « Tout est langage » disait la psychiatre et psychanalyste Françoise Dolto. Un secret familial provenant de générations précédentes peut perturber, voire bloquer le développement d’un enfant et entraîner des répétitions transgénérationnelles. Il existe parfois des rôles figés dans les familles, des scénarios de vie qui sont créés en fonction de ce qui est perçu de l’environnement familial et de décisions prises par l’enfant lui-même. Il y va de chacun de ne pas accepter les injonctions qui lui sont lancées et d’accéder à sa vérité.
Les différentes composantes de l’enveloppe identitaire
L’auteure fait référence aux enveloppes identitaires, formées de quatre composantes à l’origine de l’identité professionnelle et qui sont : la personnalité (héritée de l’histoire familiale et du vécu personnel par rapport à cette histoire), la formation (diplôme universitaire, autodidacte,…), le métier (des métiers différents donneront des expériences différentes) et la fonction dans l’entreprise actuelle (elle est porteuse de sens au regard des expériences passées).
Les trois pôles indissociables de l’identité sont :
-l’identité interne : modification de l’image de soi par soi pour accepter la légitimité d’un nouveau positionnement (ex : se mettre à son compte pour quelqu’un qui ne l’a jamais été).
-l’identité externe : la crédibilité que vous donnent vos pairs, vos clients.
-l’identité sociale : légitimité de l’activité : carte de visite, adhésion à un ordre professionnel, déclaration administrative, prouvant que l’activité est officielle.
« Chaque individu est le produit d’une histoire dont il cherche à devenir le sujet », affirme l’auteur.
À propos de l’auteure :
Isabelle Méténier est psychosociologue, spécialisée dans le monde du travail ; elle est l’auteure de livres dont les thèmes portent, entre autres, sur la souffrance au travail et le stress, liés à la psychogénéalogie, la psychologie et la sociologie. Elle est coach, formatrice et accompagne des personnes en reconversion professionnelle. Elle utilise des méthodes telles que l’approche systémique, l’écoute rogérienne, l’Élément Humain de Will Schutz.
http://www.isabellemetenier.com/