La puissance symbolique dans nos vies, par Elizabeth Leblanc

Qu’est-ce qu’un symbole ? Le mot symbole vient du latin « symbolum », qui signifie objet partagé en deux. Il correspond à un objet concret, qui présente un contenu visible et un autre, qui est latent. Notre monde est peuplé de symboles : ce sont par exemple, des rituels, des emblèmes, des objets ou des gestes, des animaux, des végétaux, qui peuvent avoir une valeur symbolique ; Les êtres humains leur ont attribué des significations qui vont bien au-delà de leur réalité concrète. Les symboles appartiennent à des domaines variés : religion, royauté, chasse, la médecine, entre autres. Ils renvoient à quelque chose d’absent, qui n’est pas directement accessible. Ils ont été créés par les hommes, qui ont, depuis le début de l’humanité, chercher à se libérer de leurs instincts et de leur déterminisme et à se dégager des limites imposées par le corps pour créer, inventer et améliorer leurs conditions de vie. Par cette fonction, l’homme se différencie de l’animal et va donner une valeur personnelle aux objets, aux lieux et aux événements de sa vie.

Pour un thérapeute (par exemple, psychanalyste ou psychosomaticien), un symptôme présenté par un patient peut être le symbole d’une souffrance enfouie au plus profond de son inconscient. Le symbole peut prendre différentes formes : trous de mémoire, tics, rêves, difficultés relationnelles, douleurs, phobies…

Par exemple : pour une personne qui s’est fait mordre par un chien lorsqu’elle était enfant, le chien sera symbole de peur et de douleur ; pour une autre qui n’aura eu à faire qu’à des chiens affectueux, il sera synonyme de tendresse et de douceur.

Par une collaboration entre l’analysant et l’analyste, basée sur une confiance mutuelle (appelée « alliance thérapeutique ») et grâce à un travail d’associations d’idées et de libération de la parole, il sera possible de mettre à jour le rapport entre le conscient et l’inconscient, à condition que le patient puisse être capable d’avoir un regard symbolisant sur sa symptomatologie.

Le symbole est une notion individuelle mais aussi collective. L’ensemble de ces symboles communs aux êtres humains vont constituer ce qu’on appelle l’inconscient collectif.

Chacun possède son propre registre symbolique, sa propre mythologie individuelle qui s’est constituée à partir d’expériences corporelles et sensorielles vécues, qui lui viennent du monde extérieur, et ce dès la vie utérine, puisque le fœtus est sensible aux sons, aux mots de la mère, aux odeurs ; ces perceptions vont provoquer chez lui des émotions et laisser des traces. Une même expérience aura un impact émotionnel différent, selon les individus. Si les expériences ont été bonnes, elles seront sources de vie, sinon elles peuvent être à l’origine d’une désorganisation plus ou moins grave du psychisme. L’enfant va rester « collé » à sa mère, qui devient un refuge illusoire, alors que la mère doit avoir une fonction médiatrice, en introduisant l’enfant progressivement au monde extérieur.  C’est d’ailleurs par l’introduction d’un tiers, le père, que la différenciation d’avec la mère pourra s’effectuer.

L’auteur passe en revue les différents stades de l’évolution psychologique de l’enfant et résume brièvement les grandes périodes de l’Histoire préhistorique ainsi que les symboles qui leur sont liés. Les toutes premières images symboliques se sont formées à l’aube de l’Humanité, quand s’est effectué le passage de l’animal à l’homme. Elizabeth Leblanc évoque trois catégories : le geste (qui peut transmettre un message), la création de formes (par exemple, liées à la maternité et à la fécondité), la communication (l’écriture).

La fonction symbolisante, processus continuellement présent dans notre fonctionnement mental, nous relie à notre réalité intérieure et abstraite, celle qui échappe à notre conscience. Lors d’une psychothérapie, il est donc essentiel que le patient soit capable de porter un regard symbolisant sur son symptôme, lui donner du sens, en le reliant à des événements de son histoire personnelle. Le sens symbolique d’un symptôme appartient à la subjectivité du patient, personne d’autre que lui ne peut trouver le sens caché ; le thérapeute peut tout au plus lui servir de guide. L’accès à cette interprétation n’est pas toujours facile, car le patient émet des résistances, face à des souvenirs qu’ils préfèrent garder enfouis au plus profond de son inconscient. Le thérapeute peut lui servir de guide et l’aider à lever ses résistances.

D’après Elizabeth Leblanc, la bonne interprétation d’un symbole va permettre au patient une meilleure connaissance de lui-même, qui va aboutir à une transformation.

Elizabeth Leblanc est psychologue, titulaire d’un DESS de psychologie clinique et pathologique, psychanalyste jungienne, enseignante et formatrice. Elle est co-fondatrice de l’École de formation Savoir Psy, avec le docteur Pierre Coret.